Un diptyque historique mêlant thriller maritime et dérives humaines. Première partie, intitulée : L’apothicaire du diable, parue le 16 novembre 22. Deuxième partie à venir !
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Le décor :
Une île perdue au milieu de l’océan…
On aperçoit une femme à l’entrée d’une grotte, et, dans les airs, résonne une citation dès plus lugubre : « Vous n’en laisserez pas un en vie. Vous arracherez jusqu’aux bébés des ventres de leurs mères (…) qui pourra être celle du mal ? » … Accompagnant le survol de la plage, et une ouverture béante dans la roche sur un charnier….
Amsterdam, 1628…
Francisco Delsaert est nommé subrécargue du Jakarta, un navire de la compagnie hollandaise des Indes orientales. Malgré la tempête annoncée, il devra appareiller le soir même, afin d’acheminer des trésors pour ses négoces sur place. Et de compléter son voyage en moins de 120 jours. À sa grande surprise, le capitaine nommé pour l’accompagner, n’est autre qu’un ivrogne « aussi violent que stupide ». Ce qui ne lui convient absolument pas. Mais l’heure n’est pas aux changements. La société a subi de grosses pertes suite aux mutineries qui se sont déroulées sur les dernières expéditions.
Il faut donc quelqu’un qui a de la poigne, du pouvoir pour mener à bien cette nouvelle épopée. Sans compter l’équipage du navire : la crème des bas-fonds où se bousculent les plus dangereux énergumènes. Pour couronner le tout, le second de Delsaert sera un apothicaire ruiné, mais chaudement recommandé pour son expertise en épices : Jeronimus Cornelius.
L’affaire est faite, et dès le lendemain, les plus miséreux embarquent pour de meilleurs horizons. Mais aussi, une jeune bourgeoise, Lucrétia Hans, devant rejoindre son mari.
Dès son arrivée à l’embarcadère, elle est frappée par la grandeur du bâtiment. Et par la question de son domestique attitré pour le voyage, en parlant de son animal de compagnie, un beau lémurien : « Est-ce que ça se mange… »
Le ton est donné…
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Le point sur la BD :
Une reconstitution historique mais « romancée » du naufrage du Batavia. Xavier Dorison et Thimothée Montaigne ont pris la liberté d’adapter selon leurs conclusions, après l’étude du dossier historique, les noms et les événements. En le lisant, on s’aperçoit vite que l’on tient une BD ambitieuse ! Ce premier tome de 1629 est particulièrement soigné et ressemble à un « livre » d’époque : dorure, gaufrage, lien en tissu comme marque-page, grand format pour apprécier comme il se doit, les exigeantes représentations graphiques du vaisseau. De l’environnement. Mais surtout de la violence des faits, que Thimothée Montaigne nous rend comme de véritables images. Le scénario de Xavier Dorison claque comme les vagues sur la coque du navire ! On balance entre angoisse, univers poisseux et réaliste, noirceur de l’âme humaine. Et pourtant, ce n’est que la première partie de cette épopée maritime et sanglante aux Éditions Glénat.
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La conclusion :
Dire que c’est une tuerie serait bien trop facile, avec un jeu de mots assez bidon pour cette édition magistrale !!! 1629 ou l’effrayante histoire des naufragés du Jakarta, est la première partie d’une œuvre de luxe aux Éditions Glénat. Les scènes sont spectaculaires. Cette libre reconstitution des faits est un pari réussi pour les deux auteurs. Le lecteur est un passager de cette première partie : on suffoque, on bourlingue… On a l’envie irrépressible de s’échapper de ce navire, mais on reste scotché jusqu’à la fin et on en redemande !!!! La suite et vite !!!!!