Big Mother : like, retweet, obéis

Alors qu’un scandale éclabousse le président des États-Unis et agite la rédaction du New York Investigation, la journaliste Julia Robinson voit sa vie vaciller dans la salle d’audience d’un tribunal quand elle croit reconnaître sur le banc des accusés son compagnon mort 4 ans auparavant. Son enquête pour élucider ce mystère va révéler l’existence d’un programme de manipulation de masse d’une ampleur inédite..

Les Big Hommes du président

L’intrigue de “Big Mother” peut paraître foutraque. Un bon gros gloubiboulga de toutes les angoisses post 11 septembre mixées aux relents complotistes qui pullulent sur les réseaux sociaux. La première demi-heure désarçonne par l’enchaînement de clichés. Et le rythme effréné de la mise en scène, marque de fabrique de Mélody Mourey, peine à dissimuler des enjeux cousus de fil blanc.

Tout y passe : une vraie-fausse sexe-tape générée par l’IA, les réseaux pédophiles protégés par les élites, l’émergence d’un parti politique anti-système Démocratie Totale… Et face à ce péril Big Data générateur de fake news, seuls une poignée de journalistes à l’éthique pure auront le courage d’entrer en résistance.

Saupoudrez l’ensemble d’artifices à l’américaine et vous obtenez un thriller alarmiste qui manque de finesse. À trop vouloir moderniser l’écriture théâtrale par une dynamique cinématographique, Mélody Mourey reproduit les défauts des “Crapauds Fous“.

Mais de cette introduction chaotique, car ultra démonstrative, “Big Mother” surprend.

The Dark Mother Rises

Tel un retournement de situation, Mélody Mourey confronte le cadre fictif hyper référencé à la farce dystopique réaliste. Les ellipses narratives s’intensifient et les ruptures de ton sont de plus en plus abruptes. Derrière cette course à l’élection présidentielle truquée d’avance plane l’ombre de Howard Mercer.

À l’instar des journalistes du New York Investigation, le spectateur s’est fait piégé. Manipulé par ses propres convictions qui ont été dévoyées par un système de pensées qui les alimentaient. Victime d’une manipulation de masse. Les défauts de “Big Mother” deviennent ses qualités.

Le rythme effréné est de plus en plus inquiétant. Les enjeux se redéfinissent avec une empathie crépusculaire. La voix off au début de la pièce nous avertissait que l’issue serait dramatique. Un implant soit disant cliché pour créer du suspens qui se révèle inéluctable.

“Big Mother” est une expérience psychologique fascinante. Une proposition théâtrale unique. Tant par sa maîtrise scénique que par sa réappropriation esthétique et narratif des codes cinématographiques. Une réflexion pertinente et effrayante de notre société où les images pervertissent nos maux.

Big Mother
au Théâtre des Béliers Parisiens, jusqu’au 29 septembre. 

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