Elle a été une artiste à la vie tumultueuse et scandaleuse. Scuptrice entretenant une liaison avec un homme de vingt-quatre ans son aîné qui n’est autre qu’Auguste Rodin, Camille Claudel (Juliette Binoche) sera internée en asile psychiatrique durant trente ans. Sœur du célèbre Paul Claudel, grand auteur et ancien membre de l’Académie française, elle est aujourd’hui l’héroïne de Bruno Dumont. Son long métrage se déroule en 1915, à l’asile de Montdevergues dans le Vaucluse. On assiste à une sombre période de la vie de la jeune femme lorsque la première guerre mondiale bat son plein, alors partagée entre l’ennui, l’attente de la visite de son frère et l’espoir d’échapper un jour à ce lieu.
Authenticité
Pour son neuvième long-métrage, Bruno Dumont s’est de nouveau entouré de personnes n’ayant aucun lien avec la comédie. «L’idée était de tourner avec de vraies personnes souffrant de maladie mentale, explique le réalisateur. Je me suis rendu dans un hôpital psychiatrique et j’ai réalisé un casting pour sélectionner les futurs internes de Montdevergues». Même les femmes interprétant les sœurs exercent la profession d’aide soignante dans leurs vies. La crédibilité est le maître-mot de Dumont. Tous les dialogues du scénario, qui sont rares, sont tirés des lettres écrites pas Camille Claudel elle-même. «La gageure de ce film c’est qu’on est tout en silence et qu’il y a deux ou trois moments extrêmement parlés» ajoute Juliette Binoche. Ayant pour vocation de se différencier de l’adaptation précédente mettant en scène Isabelle Adjani et Gérard Depardieu, Camille Claudel est une chronique de trois jours de la vie de l’artiste qui se veut la plus authentique possible. «Je n’ai pas voulu sauver ou descendre son frère Paul dans le film, mais seulement le porter, tout comme les autres personnages», précise Benoit Dumont. Cette Année , cela fait 70 ans que Camille Claudel est morte.