Daniel Benoin a mis en scène Cosi Fan Tutte à l’Opéra de Nice et au théâtre Anthéa d’Antibes

Cosi Fan Tutte, le dernier opéra de la trilogie qui a marqué la collaboration entre Mozart et Da Ponte a été présenté la semaine dernière à l’Opéra de Nice ainsi qu’au théâtre Anthéa d’Antibes. Après Les Noces de Figaro et Don Giovanni, Daniel Benoin s’est emparé de cette œuvre, à la fois drôle, légère et cruelle, et en a proposé une mise en scène pleine d’audace et d’originalité, qui a pu dérouter certains spectateurs.

Lorsque le rideau se lève, nous découvrons une grande maison délabrée, datant du XVIIIème siècle où sont disposés entre autres des caméras, des  perches, des écrans.  De tous côtés s’activent des techniciens, des costumières, des maquilleuses. Sans nul doute, nous sommes en plein tournage. La scène prend alors l’allure d’un vaste plateau de tournage d’une série pour la télévision. En haut, apparaît ensuite un grand écran sur lequel seront projetées les scènes en train d’être tournées. On avait rarement – ou même jamais- vu une telle mise en abyme à l’opéra.

Cosi Fan Tutte débute sur un ton léger, abordant le thème universel de l’amour et de ses conséquences.  Don Alfonso, un metteur en scène cynique, voire pervers, parie avec deux jeunes officiers que leurs fiancées leur seront infidèles, comme le sont toutes les femmes. Ils mettent alors en place un stratagème et font semblant de partir à la guerre puis reviennent déguisés pour tenter de séduire chacun la fiancée de l’autre. Ces badinages, propres au théâtre de Marivaux, font souvent sourire le public. Mais derrière cette apparente légèreté se cache une réelle cruauté. Cette œuvre de Mozart interroge sur la sincérité et la fidélité en amour. Ce jeu de séduction auquel se livrent les personnages de cette histoire deviendra de plus en plus dangereux au point de laisser des traces, une fois fini. De nouveaux couples se sont formés, derrière les masques, mais qu’adviendra-t-il lorsque la réalité reprendra le dessus ?

En faisant le choix d’une telle mise en scène, Daniel Benoin met en évidence l’intemporalité du sentiment amoureux et de ses épreuves.  Il nous donne à voir deux couples aux prises avec les faux-semblants et les jeux dangereux de l’amour : ceux de la série en train d’être tournée qui nous plonge dans le XVIIIème siècle et ceux formés « dans la vraie vie ». Benoin fait dialoguer toutes les époques et tous les milieux sociaux et sa démarche prend alors tout son sens. Il faut donc reconnaître que ce pari, risqué et audacieux, est particulièrement réussi. Saluons également le travail précieux de Jean-Pierre Laporte pour les décors, Nathalie Bérard-Benoin pour les costumes et Paulo Correia pour la vidéo.

A propos Laurence

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Un commentaire

  1. J’ai eu la chance de découvrir cette mise en oeuvre, un excellent moment.

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