Festival de Cannes J11 : “L’été dernier” de Catherine Breillat et “The old oak” de Ken Loach en compétition, “L’Abbé Pierre, une vie de combats” de Frédéric Tellier hors compétition

Toutes les bonnes choses ont une fin et c’est déjà le dernier jour de la compétition. Au programme : « L’été dernier » de Catherine Breillat et « The Old oak » de Ken Loach en lice pour la Palme d’Or et « L’Abbé Pierre, une vie de combats » de Frédéric Tellier hors compétition.

« L’été dernier » de Catherine Breillat

Depuis « Une vieille maîtresse », la réalisatrice française Catherine Breillat n’avait plus été en compétition à Cannes. Avec « L’été dernier » présenté vendredi en compétition, elle s’est attaquée à un sujet brûlant : la liaison entre une quadragénaire (Léa Drucker) et son beau-fils de 17 ans (Samuel Kircher). C’est son producteur Saïd Ben Saïd qui lui a proposé d’adapter ce remake d’un film danois. On le sait, Catherine Breillat se passionne pour la jeunesse et ses tourments. C’est pourquoi elle a immédiatement accepté de faire le film. Pour incarner Anne, cette avocate spécialisée dans les violences sexuelles faites aux mineurs, elle a fait appel à Léa Drucker, lui offrant ainsi sûrement son plus beau rôle. Toujours tirée à quatre épingles, en tailleur ou robe stricte et perchée sur des talons, elle apparaît imposante et stricte. Pourtant, elle va s’avérer incapable de résister au fils de son mari (Olivier Rabourdin), venu habiter chez eux. Une situation intenable au sein de cette famille bourgeoise bien sous tous rapports. Lorsque le jeune homme éconduit va révéler la vérité à son père, Anne va se montrer furieuse, implacable pour maintenir cet ordre devenu si fragile. Elle est à la fois manipulatrice, coupable et victime, tant les frontières entre ces trois statuts sont fines et poreuses chez cette femme sur le point de tout perdre. Avec « L’été dernier », Catherine Breillat se garde de tout moralisme et suscite parfois le malaise.

crédit photos : SBS Productions

« The old Oak » de Ken Loach

Dernier film présenté en compétition : « The old oak » de Ken Loach. S’il est un réalisateur habitué du Festival, c’est bien Ken Loach. Il a déjà remporté deux Palmes d’Or. « The Old oak » est empreint d’humanisme, dans la veine de ses films précédents. L’histoire se déroule dans un village du nord de l’Angleterre qui voit sa vie bouleversée par l’arrivée de réfugiés syriens. Les habitants ont pris l’habitude de se retrouver à l’unique pub du village « The old oak » pour refaire le monde. Aussi, dès qu’ils voient arriver les Syriens, ils font savoir leur mécontentement. Au milieu de cette atmosphère bouillonnante va naître une amitié touchante entre Yara, une jeune réfugiée éprise de photographie, et TJ Ballantyne, le propriétaire du pub, usé par la vie, mais profondément humain. Un jour, il décide d’organiser une cantine solidaire dans l’arrière-salle désaffectée de son établissement. Les murs sont tapissés de photos rappelant la grève des mineurs contre le gouvernement Thatcher dans les années 80. Cette initiative est loin de plaire à tout le monde, surtout que TJ a refusé sa salle aux habitués qui voulaient y débattre sur l’arrivée des Syriens…

Encore une fois, Ken Loach, cinéaste engagé et humaniste, a ému le Festival. Le film ne sera peut-être pas récompensé mais l’acteur principal, Dave Turner, mériterait amplement le prix d’interprétation masculine.

« L’Abbé Pierre, une vie de combats » de Frédéric Tellier

La journée s’est achevée avec la présentation hors compétition de « L’Abbé Pierre, une vie de combats » de Frédéric Tellier. En voyant le film, on comprend aisément pourquoi le mot « combat » est au pluriel dans le titre. Toute sa vie, Henri Grouès devenu plus tard l’abbé Pierre n’aura eu de cesse de vouloir lutter contre la pauvreté. Fils d’une famille bourgeoise lyonnaise, il va entrer dans la Résistance et encadrer un maquis. Devenu député, il va s’engager pour aider les pauvres et les mal-logés, créant en 1949 la fondation Emmaüs. Dans sa vie, l’Abbé Pierre a mené plusieurs combats, toujours dans le même but. Pendant plus de deux heures, le film se déploie pour embrasser le parcours de ce prêtre devenu au fil des années la personnalité préférée des Français. Frédéric Tellier fait le portrait d’un homme qui a mis sa vie au service des autres. Il fait entendre ses discours, devenus célèbres et montre aussi ses doutes. Le film s’attache aussi à dépeindre l’amitié qui a uni l’abbé Pierre à sa secrétaire Lucie Coutaz pendant de très longues années, jusqu’à la mort de cette dernière. Elle est interprétée avec beaucoup de justesse par Emmanuelle Bercot. Pour incarner l’Abbé Pierre, Frédéric Tellier a fait appel à Benjamin Lavernhe. Il livre une spectaculaire prestation, tant il semble habité par son rôle.

L’Abbé Pierre une vie de combats (crédit photos : Jérôme Prébois)

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