Festival de Cannes J8 : Titane, Un héros et Aline

Pour ce huitième jour de la compétition, Asghar Farhadi a présenté son nouveau film, Un héros mais le choc est venu de Titane, le deuxième film de Julia Ducournau. Enfin, Valérie Lemercier a monté les marches sur les chansons de Céline Dion, avec Aline, présenté hors compétition.

Un héros d’Asghar Farhadi

Le réalisateur iranien est un grand habitué du Festival. Il a été membre du jury et il y a présenté plusieurs films qui ont notamment valu à ses acteurs des prix d’interprétation. Un héros s’apparente à un thriller psychologique. Rahim est en prison car il ne peut rembourser ses dettes à son créancier. Un jour où il a une permission, sa compagne trouve un sac rempli de pièces d’or. L’occasion est trop tentante de s’en saisir pour s’acquitter de ses dettes, puis il se ravise, refusant de céder à un geste malhonnête. La prison mais aussi une association de bienfaisance le portent aux nues. Il fait des interviews et devient aux yeux de tous un héros. Seulement son créancier ne croit pas ce geste ininteressé et va s’efforcer de le faire éclater au grand jour. Évidemment le film est ancré dans la société iranienne et montre que dans ce pays l’on peut être emprisonné pour des dettes et que l’on peut être libéré tout aussi rapidement. Mais ce qui fait surtout la force de Un héros c’est l’engrenage dans lequel Rahim s’est plongé malencontreusement. Par naïveté, par maladresse sans doute, il se prend à son propre piège et doit prouver qu’il ne ment pas. Est-il vraiment un héros ? À quel moment ? Aux yeux de qui ? La prison a tout intérêt qu’ il passe pour un homme au grand cœur, ce qui ferait oublier les suicides récents dans l’établissement. La question de l’honneur et de la morale traverse tout le film. Un héros brille par sa mise en scène et ressemble sur ce point à Une séparation. Comme toujours chez Farhadi les acteurs livrent une brillante composition. L’acteur qui incarne Rahim a toutes les chances de remporter un prix d’interprétation. A moins que le film obtienne la récompense suprême…

Titane de Julia Ducournau

Il y a trois ans Julia Ducournau avait fait forte impression avec Grave présenté à la Semaine de la critique. Elle est pour la première fois en compétition avec Titane, un film choc qui n’a laissé personne indifférent. Dès la première scène, on comprend qu’elle va nous plonger dans un univers étrange. Une petite fille a un accident de voiture avec son père. Gravement blessée, on lui fixe une plaque en titane dans la tête. On la retrouve adulte, en danseuse réputée dans un événement qui ressemble à un salon de l’auto. Sans émotions, Alexia tue tous ceux qui se mettent sur son chemin, avec une violence inouïe. Telle Sharon Stone dans Basic Instinct, elle se sert de la pique qu’elle met dans ses cheveux comme arme du crime. La jeune femme est fascinée par le métal et les voitures. La référence à Crash de David Cronenberg est clairement visible. Très vite Alexia va devoir fuir car elle est recherchée par la police. Sa solution : prendre l’identité d’un jeune homme disparu quelques années plus tôt. Le père de celui-ci, un pompier vieillissant, à son grand désespoir, (formidable Vincent Lindon dans un rôle inattendu) la prend sous son aile. Il est en quête d’amour. Julia Ducournau a eu envie de faire un film d’amour et tourné vers l’espoir. La violence voulue par la forme peut dérouter voire choquer mais le propos du film est limpide : Alexia amoureuse au sens propre des voitures est victime de l’indifférence de son père. En allant vers Vincent, malgré elle, elle acquiert peu à peu une certaine humanité et se rapproche de la lumière. Le film parle aussi de la différence et de l’acceptation de l’autre. Pour incarner Alexia devenue Adrien, la réalisatrice a fait appel à Agathe Rousselle, dont c’est le premier rôle au cinéma. Une belle performance, d’autant plus que le rôle est très physique. Il fallait parvenir à communiquer et à transmettre des émotions autrement que par la parole. Titane, par sa radicalité, devrait en toute logique se retrouver au palmarès.

Aline de Valérie Lemercier

Aline aurait dû sortir en novembre 2020. La fermeture des cinémas en a décidé autrement mais ce fut un mal pour un bien car le film a été sélectionné à Cannes hors compétition. Valérie Lemercier adore Céline Dion et elle lui rend hommage de la plus belle des façons. Il ne s’agit pas d’un biopic car l’héroïne se nomme Aline. Elle est québécoise, a de très nombreux frères et sœurs, elle chante depuis son plus jeune âge, sa mère la suit partout et elle est amoureuse de son manager. Valérie Lemercier incarne Aline, enfant puis adulte. Elle est magnifique et touchante. Que l’on aime ou pas Céline Dion, on est ému en la voyant si amoureuse. Valérie Lemercier a mis tout son cœur dans ce film et c’est cette sincérité qui touche tant. Céline Dion n’a pas encore vu Aline mais on espère qu’elle l’aimera autant que nous.

A propos Laurence

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