Festival de Cannes J9 : Red Rocket, Histoire de ma femme et Les Olympiades

Le Festival touche bientôt à sa fin et nous ne sommes sans doute pas au bout de nos surprises. Pour ce neuvième jour de la compétition, Sean Baker a filmé une star du porno dans Red Rocket, la réalisatrice roumaine Ildiko Enyedi a présenté l’Histoire de ma femme et Jacques Audiard montre la jeunesse parisienne du XIIIe arrondissement et ses errances amoureuses dans Les Olympiades.

Red Rocket de Sean Baker

Le réalisateur américain Sean Baker est pour la première en compétition. Il était déjà venu en sélection parallèle présenter The Florida Project. Avec Red Rocket, il filme à nouveau les déclassés, ceux qui sont les plus nombreux et auxquels le cinéma s’intéresse le moins. Mikey, une star du porno a quitté Los Angeles et revient dans son Texas d’origine, peu de temps avant l’élection de Trump. Il s’incruste chez son ex-femme et sa mère. Il a l’intention de travailler mais quand on est une star du porno et qu’en plus on s’en vante, c’est difficile de se faire embaucher. La solution : vendre de la drogue que lui fournissent ses voisins. Beau parleur, charmeur, il fait des petites magouilles jusqu’à ce qu’un jour il rencontre Strawberry, une très jeune vendeuse de donuts. Il la séduit, au point de tomber (presque) amoureux d’elle. Elle n’a que dix-sept ans et elle n’est pas farouche. Va alors lui venir l’idée de faire d’elle une star du porno. Simon Rex, qui incarne Mikey, est de quasiment tous les plans. Il parvient à rendre ce personnage terriblement agaçant et touchant à la fois. Sûr de lui et de son charme, Mikey ne peut que tomber et entraîner dans sa chute la jeune serveuse. Sean Baker a réussi un coup de maître en faisant un film particulièrement réussi sur un raté, à la déchéance certaine.

Histoire de ma femme d’Ildiko Enyedi

Léa Seydoux aurait dû monter les marches quatre fois cette année. Il ne lui a malheureusement pas été possible de venir sur la Croisette. Cela est d’autant plus regrettable qu’elle porte le film de la réalisatrice roumaine Ildiko Enyedi, Histoire de ma femme. Elle incarne précisément cette Française, qu’un commandant d’un navire décide d’épouser, sans la connaître, et pour la simple raison qu’elle a été la première à franchir le seuil du café où il se trouvait. Les mois et les années passent, il doit s’absenter pendant de longs mois et il doute de plus en plus de la fidélité de son épouse. Il a d’ailleurs de bonnes raisons : elle est séduisante et un jeune écrivain français (Louis Garrel) n’est pas insensible au charme de cette dernière. De plus, la jeune femme entretient un jeu dangereux avec son mari, en stimulant sa jalousie. Le film s’étire sur près de trois heures mais il séduit par son classicisme et par la qualité d’interprétation de ses interprètes.

Les Olympiades de Jacques Audiard

Comme Nanni Moretti et Apichatpong Weerasethakul, Jacques Audiard a déjà obtenu une Palme d’Or. Avec Dheepan, il s’intéressait aux migrants pakistanais à Paris. Dans Les Olympiades, il a eu à cœur de montrer de jeunes adultes, qui ont fait de longues études (Fac de droit, Sciences Po ou l’agrégation de lettres) mais qui peinent à vivre correctement. Avec ses coscénaristes Léa Mysius et Céline Sciamma, il a adapté librement un roman graphique. Emilie (Lucie Zhang), rencontre Camille, qui postule pour être son colocataire. Elle tombe amoureuse de lui mais l’homme ne veut pas se fixer et séduit l’une de ses collèges du lycée. Alors qu’il prépare l’agrégation, il abandonne pour un temps son poste de professeur et aide un ami dans une agence immobilière. Là, il rencontre Nora (Noémie Merlant), venue de Bordeaux pour reprendre ses études de droit. Elle-même, victime d’un lynchage sur les réseaux sociaux, rencontre virtuellement Amber (Jehnny Beth). Ces quatre personnages vont être amenés à se croiser. Avec une image noir et blanc magnifiée par la musique de Rone, Audiard filme la solitude et l’errance sentimentale de ses jeunes trentenaires, dans le quartier multiculturel des Olympiades. Il a fait le choix d’aller au-devant des clichés : la chinoise a fait sciences-po et vit de petits boulots, Camille est noir. Chacun d’entre eux a des certitudes sur sa vie amoureuse et va évoluer, quitte à se tromper. Audiard en dit long sur la jeunesse d’aujourd’hui, avec un casting d’une très grande justesse.

 

A propos Laurence

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