“Flo” au cinéma : rencontre avec la réalisatrice Géraldine Danon et l’actrice Stéphane Caillard

Pour tout le monde, Florence Arthaud est la navigatrice qui a remporté la Route du Rhum en 1990, mais peu de gens connaissent réellement son parcours et sa vie. Dans un biopic très réussi, la comédienne et réalisatrice de documentaires Géraldine Danon rend hommage à son amie, à Flo, à cette femme déterminée, combative, libre, qui aimait profondément la vie. Avant d’être la navigatrice aux nombreux exploits que l’on connaît, on découvre la jeune fille victime d’un accident de la route à 17 ans puis la jeune femme amoureuse et aventurière, la femme déterminée et fragile à la fois. Pour interpréter Florence Arthaud à tous ces âges de la vie, Géraldine Danon a fait appel à la jeune comédienne Stéphane Caillard. Présente dans toutes les scènes, elle illumine l’écran. Sa ressemblance avec Florence Arthaud est frappante et, si le film est une telle réussite, elle y est pour beaucoup.

Le film sort au cinéma le 1er novembre mais le public azuréen a eu la chance de le découvrir en avant-première avant toute le monde, cet été. Florence Arthaud était bretonne mais la Méditerranée occupait une place chère dans son coeur. Présenter le film dans la région avait donc une saveur particulière pour sa réalisatrice. C’est à Nice à l’Hôtel Beau Rivage que nous avons rencontré Géraldine Danon et Stéphane Caillard.

Géraldine Danon et Stéphane Caillard

France Net Infos : Florence Arthaud était une très grande navigatrice mais aussi une femme d’exception. C’est cet aspect-là que vous avez voulu montrer dans le film…

Géraldine Danon : Absolument ! Je n’ai jamais pensé le film comme un film de voiles. Je fais le portait d’une femme qui était navigatrice mais, avant tout, c’est le portait d’une femme furieusement libre, d’avant-garde, visionnaire, et je dirais même une icône. Florence était une amie. Je l’ai rencontrée dans les années 80. Nous étions très complices. A la fin de sa vie, elle s’intéressait à un projet de film sur elle. Ca lui tenait très à coeur, pour poursuivre ce travail de transmission qu’elle avait déjà commencé avec ses livres et ses émissions de radio. Elle aimait beaucoup se raconter et partager avec les autres. Quand elle est décédée tragiquement dans cet accident d’hélicoptère, j’étais sous le choc. Quelques années plus tard, je suis tombée sur le livre de Yann Queffélec “La mer et au-delà” et j’ai ressenti un parfum d’elle si fort que je me suis dit que j’allais reprendre ce projet. Je me suis attelée à l’écriture d’un scénario, rejointe après par Yann Queffélec. On s’est très librement inspirés de l’ouvrage. J’ai essayé de rentrer dans la profondeur de son âme, telle que moi je la percevais.

France Net Infos : Comment s’est passée l’écriture du scénario avec Yann Queffélec ?

Géraldine Danon : Au début, j’ai écrit seule. Puis, je lui ai envoyé des passages sur lesquels il fallait intervenir. Il revenait alors dessus et on échangeait par mails. On n’a jamais écrit tous les deux ensemble mais on s’est très bien entendus. On était sur la même longueur d’ondes. Sur la quatrième de couverture de son livre, il décrivait Florence comme sa “soeur d’affinités”. On voulait raconter la même personne. C’était un travail très enrichissant pour moi.

France Net Infos : Dans le film, on voit à quel point Florence Arthaud aimait la vie…

Géraldine Danon : Oui, elle aimait la vie, les gens, les hommes. Elle aimait manger. C’était une fêtarde, comme bien des marins ! Je suis un peu comme elle, une boulimique de la vie !

France Net Infos : Le fait de présenter le film sur la Côte d’Azur a une saveur particulière. C’est une région qui a beaucoup compté pour elle…

Géraldine Danon : Elle a commencé à faire de la voile à Antibes. Elle était profondément attachée à la Méditerranée. Elle avait accepté de participer à l’émission qui lui a coûté la vie pour financer L’Odyssée des femmes, une course en Méditerranée avec des femmes du monde entier. Elle vivait du côté de Marseille. Il y a donc une certaine émotion à être par ici. On sent très fort Florence avec nous.

France Net Infos : Stéphane, comment avez-vous vécu ce tournage ?

Stéphane Caillard : C’était une grande aventure ! L’équipe était très investie, tournée vers le sujet. Beaucoup étaient très émus de tourner sur le bateau de Florence, Pierre Ier, rebaptisé Flo. Il y avait beaucoup de mystique sur le tournage. Pour moi, il a été long et endurant mais à la hauteur de ce qu’on avait tous envie de vivre avec ce film. C’était assez merveilleux ! C’est paradoxal de tourner l’histoire d’une femme qui appréciait la course en solitaire avec beaucoup de monde sur un plateau, même si on était en équipe réduite !

France Net Infos : Quand on interprète une femme qui a réellement existé, sent-on un poids supplémentaire, une responsabilité par rapport à ceux qui l’ont connue ?

Stéphane Caillard : J’avais envie de faire les choses bien et comme je les aime. Je n’ai pas senti de pression. Au contraire, j’ai été fortement encouragée par tous les gens qui se sont assemblés autour du film. Ils ont toujours fait en sorte que je me sente le plus à l’aise possible pour raconter ce qu’ils avaient envie de voir et de retrouver. Il était hors de question de faire un mimétisme pédagogique ou hagiographique.

France Net Infos : Vous incarnez Florence Arthaud à plusieurs âges de la vie. Etait-ce une difficulté ?

Stéphane Caillard : Je n’ai pas eu besoin de prothèses ou quoi que ce soit. Il fallait insuffler l’idée d’une vie qui passe, en suggérant l’usure avec la voix, les intonations, les postures. Je me suis nourrie des témoignages de Florence Arthaud. J’ai écouté des émissions de radio. J’ai rencontré des marins qui l’ont connue et qui m’ont raconté des anecdotes.

Géraldine Danon : Il fallait une comédienne de la trempe de Stéphane pour l’incarner, l’habiter. Au quotidien, sur le tournage, tout le travail qu’on avait fait en amont faisait que Florence pénétrait à l’intérieur de Stéphane. Pour moi, c’était à la fois troublant et émouvant. Il y avait une incarnation qui lui permettait de devenir Florence Arthaud de 17 à 55 ans.

France Net Infos : Florence Arthaud a frôlé la mort plusieurs fois. Elle n’avait pas peur du danger…

Géraldine Danon : Elle avait conscience d’une mort imminente. Pour être très vivant, je pense qu’on ne peut pas avoir peur de la mort. On voit dans le film que la mort passe tout près d’elle à plusieurs reprises. La vie et la mort sont intimement liées dans le film. J’avais envie de montrer cela dès le début de l’écriture du scénario. L’accident de voiture qu’elle a au début la ferme à certaines choses et va l’ouvrir à la voile. Elle tombe à l’eau au large du Cap Corse dans les années 2000. La mort passe souvent tout près et elle se fait faucher à un moment où on s’y attend le moins.

France Net Infos : Tout est-il vrai dans ce que vous montrez dans le film ?

Géraldine Danon : Tout est vrai dans ce que je raconte. Après, je fais du cinéma et pas du documentaire. Je cherche donc des images fortes pour aller à ma vérité. Je me sers d’images qui me permettent d’aller au coeur de la réalité avec force.

France Net Infos : Certaines images en mer sont splendides. On est transportés. Les conditions de tournage n’ont pas toujours dû être faciles…

Géraldine Danon : Les marins qui ont vu le film me disent qu’ils ont rarement vu des images de mer aussi fortes et aussi réussies. J’ai pourtant eu du mal à obtenir ces images-là car, curieusement, on a eu une météo assez clémente. Je suis revenue à la fin du film avec un opérateur et Philippe Monnet, mon conseiller voile, au large des îles du Frioul. Là, c’était très intense : il y avait 65 noeuds de vent !

France Net Infos : Stéphane, quels sont vos projets ?

Stéphane Caillard : Jusqu’au 31 décembre, je suis au Théâtre Marigny dans “Ruy Blas” aux côtés de Jacques Weber et Kad Merad. J’aime beaucoup le théâtre. Je n’ai pas retourné pas après ce film parce qu’il me fallait un temps pour le digérer, le repenser…

Flo de Géraldine Danon au cinéma le 1er novembre avec Stéphane Caillard, Charles Berling, Alexis Michalik, Alison Wheeler, Samuel Jouy, Pierre Deladonchamps, Grégoire Colin, Marilyne Canto…

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