La mémoire tyrannique, d’Horacio Castellanos Moya

La bibliothèque Hispano-Américaine des éditions Métailié s’agrandit ! En effet, “La Mémoire Tyrannique” d’Horacio Castellanos Moya, est disponible en librairie depuis le 13 Février.

La mémoire tyrannique horacio castellanos moya éditions métailié

Résumé

1944. Lorsque Pericles, un journaliste critique du dictateur salvadorien, le “sorcier nazi”, est arrêté et emprisonné, son épouse Haydée, une jeune femme de la bonne bourgeoisie, décide d’écrire le journal des événements. Pendant qu’elle note ce qu’elle considère comme des conversations avec son mari – qui avant de devenir opposant a été collaborateur du régime –, elle raconte les progrès des arrestations, les interdictions de visite au pénitencier ainsi que ce qui se passe pour le reste de la famille, composée d’un côté de militaires, soutien du régime, et de l’autre des libéraux, opposés au tyran. Sur ce, un coup d’État contre le dictateur éclate, son fils Clemente, le fêtard, le coureur, l’ivrogne, est impliqué et raconte ce qui se passe chez les conspirateurs. Ses aventures parfois désopilantes alternent avec l’éveil de la conscience politique de Haydée, qui organise la rébellion avec d’autres femmes : épouses, filles, petites-filles, voisines, domestiques.

Horacio Castellanos Moya L’auteur

Horacio Castellanos Moya est né en 1957 à Tegucigalpa, au Honduras. Il grandit et fait ses études au Salvador et s’exile à partir de 1979 dans de nombreux pays. Aujourd’hui, il à l’université de l’Iowa, aux Etats-Unis. Il a écrit douze romans, qui lui ont valu de nombreux prix, des menaces de mort et une reconnaissance internationale. Si vous souhaitez le rencontrer, il sera présent au Festival Quais du Polar à Lyon du 03 au 05 Avril.

Une page ouverte sur l’Histoire

“La mémoire tyrannique” de Horacio Castellanos Moya est pour moi une merveilleuse surprise. Passionnée par le Seconde Guerre Mondiale, j’étais jusqu’à maintenant restée sur l’Europe. L’auteur nous ouvre ici une page de l’Histoire sur ce qui se jouait au Salvador en 1944. En effet, on y retrouve “le sorcier” ou “le nazi”, termes utilisés pour référer au dictateur Maximiliano Hernandez.

Monté au pouvoir en 1931, il mène une dictature militaire et exécute de nombreux paysans et opposants, sans grand discernement. Plusieurs coups d’états sont menés contre lui, pourtant sans succès. C’est finalement une grève générale pacifique, portée par les étudiants, qui le mène à sa perte. En effet, la population entière ne sort plus, paralysant complètement la vie économique du Salvador. Le dictateur démissionne alors, avant de s’exiler au Guatemala.

Bien que l’auteur base son roman sur cette page de l’Histoire, il note à la fin qu’il a modelé l’Histoire pour qu’elle colle à sa fiction.

Une histoire contée par plusieurs voix

La majeure partie de ce roman se joue à deux voix.

La première, celle de Haydée, femme de Pericles, prisonnier politique à cause de ses critiques du dictateur. Du 24 Mars au 8 Mai 1944, elle consigne quotidiennement les événements de la journée, et ses pensées. Elle raconte l’emprisonnement de son mari et les visite qu’elle lui rend. Elle réfléchit à sa vie seule, à sa tristesse, et à la vie qui continue. Lorsque son fils, Clemente, participe au putsch contre le Dictateur et disparaît suite à sa condamnation à mort, Haydée tombe dans l’angoisse. Mais grâce aux femmes des prisonniers politiques, elle reste active et prend part, elle aussi, à la résistance. À coups de pancartes, de protestations et de marches, elles essaient de convaincre le gouvernement de libérer son mari et d’accorder l’amnistie à son fils.

De l’autre côté, on suit la fuite de Clemente avec son cousin Jimmy. Gamin insupportable n’ayant pas l’air d’avoir conscience du risque qu’ils encourent, il enchaîne les bêtises. De ce fait, Jimmy et Clemente passent plusieurs fois à côté de la mort. Aidés par quelques opposants, il essaient de sortir du pays.

L’histoire se termine en 1975, du point de vue d’un vieil ami de Pericles.

Mon avis

Comme mentionné plus haut, cette lecture est une belle surprise. J’avais quelques doutes concernant le fait que j’allais apprécier, mais ce roman les a vite balayé. J’ai adoré découvrir cette période de l’Histoire en Amérique centrale que je ne connaissais pas du tout.

L’alternance des points de vue rend l’histoire vivante et permet de mettre en lumière tous les détails de cette période. On perçoit alors l’inquiétude d’Haydée, l’immaturité de Clemen, son angoisse et celle de Jimmy, ainsi que la lassitude de ce dernier. Au gré du roman, j’ai fini par préférer les passages traitant de Jimmy et Clemen. En effet, ceux-ci nous mènent directement dans l’action, avec une narration plus classique enrichie de dialogue. Cependant, je chéris profondément les descriptions dans les romans, et il m’en a manqué ici. Toutefois, ça n’a pas altéré ma compréhension de l’histoire ni mon appréciation.

De son côté, le journal de Haydée paraissait parfois un peu long et j’avais hâte de retourner aux aventures de Clemente. Mais il me semble en effet nécessaire pour avoir toutes les clés de l’histoire.

En somme, “La mémoire tyrannique” est une superbe plongée dans l’Histoire du Salvador, ponctuée de passages véritablement haletants.

 

A propos Victoria MARION

Rédactrice littérature, gastronomie, mode, high tech, jeux de société et tourisme/voyage.

A lire aussi

science-fiction

Dune Partie Deux : Une Odyssée Cinématographique qui Redéfinit le Genre de la Science-Fiction

En 2024, l’univers du cinéma de science-fiction est propulsé vers des horizons inexplorés avec “Dune …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com