LAÏCITÉ ET RÉPUBLIQUE : Considérations sur la République Française de Najwa El Haïté

La flèche de Viollet-le-Duc est emportée par les flammes de l’incendie de Notre Dame …

… et c’est bouleversée mais plus que jamais persuadée de l’importance de notre laïcité, que je termine ma chronique sur l’excellent ouvrage de Najwat El Haïté aux Editions L’Harmattan.

Son propos s’appuie en couverture, sur le “CoeXist” créé par l’artiste polonais Piotr Mlodozeniec, composé des symboles des trois religions monothéistes.

Reproduit des milliers de fois dans le monde entier, c’est Combo street artiste français qui nous interpelle une fois de plus avec ce logo du “vivre ensemble”.

L’auteure, adjointe au maire d’Evry-Courcouronnes en charge de la culture et de la transformation digitale, est également Docteure en Droit Public.

Elle a soutenu sa thèse sur le thème « Laïcité et République » en mai 2018 et en a tiré ce dernier livre.

Je ne prétends pas faire l’exégèse de ce texte, j’en suis bien incapable, car ce livre aussi brillant intellectuellement qu’engagé socialement, s’appuie sur le Droit principalement ainsi que sur d’autres disciplines.

Je vais juste tenter de mettre en évidence les sujets qui me tiennent à coeur.

Najwa El Haïté soutient la loi de 1905 et s’interroge sur ce qu’elle dit du principe de la laïcité, qui repose en partie sur la loi de séparation des Eglises et de l’Etat. “La République garantit le libre exercice des cultes (…) mais ne reconnait aucun culte” …

… Notons que la loi parle de culte et non pas de religion. A ces notions s’ajoute une signification sociale qui explique les tensions rencontrées aujourd’hui dès que l’on parle de laïcité.

Dans un premier temps l’auteure insiste sur le fait religieux dans une société humaine, voulant ainsi analyser le rôle de la laïcité comme vecteur d’intégration des religions.

Difficile de définir, du reste, ce qu’est la religion, Najwa El Haïté évoque donc les trois aspects principaux de celle-ci pour nous l’expliquer : la religion comme croyance, comme identité et comme mode de vie.

Examinant les ambivalences de la laïcité aussi bien dans les résistances historiques (climat d’hostilité entre l’Etat et l’Eglise catholique) que dans des éléments d’unité et de division qui apparaissent dans le processus de laïcisation, elle analyse plus tard la laïcité comme vecteur de socialisation juridique, au travers de la liberté de conscience, un principe devenu constitutionnel.

Une place importante est faite à la laïcité dans l’Education nationale et au “processus d’intégration du fait laïque dans l’esprit du citoyen.”

“L’école, instrument toujours privilégié “d’un gouvernement des esprits”, doit, dans une situation muticonfessionnelle de plus en plus conflictuelle, demeurer plus que jamais laïque, c’est-à-dire libre de toute emprise d’opinions”.

Le dernier chapitre de ce document est consacré à la menace qui pèse sur la laïcité, à savoir le phénomène communautariste qui s’appuie entre autres sur les signes religieux.

Ce communautarisme peut mener au repli identitaire, il est un défi pour les politiques qui peuvent craindre  que le multiculturalisme amène à l’affaiblissement de l’intégration républicaine.

Belle conclusion pour ce texte essentiel, qui met en évidence “la laïcité et la République, la laïcité pas seulement comme une forme d’organisation de la République construite sur le respect des croyances des uns et des autres, mais aussi comme une valeur de civilisation portée par une philosophie politique et un éthique du vivre ensemble.”