Michel Chevallier clame que Rome est une femme

Le nouveau roman de Michel Chevallier porte un nom énigmatique, qui prendra tout son sens lorsque le lecteur se lancera à la découverte de ce livre aux multiples thématiques. Rome est une femme est un ouvrage paru aux éditions de l’Harmattan le neuf octobre 2020. La couverture montre une femme à la robe noire et au chapeau sombre, avec une ombre en ligne, une lune ou un soleil blanc sur fond rouge. Sur le côté droit, on peut également apercevoir des arches qui rappellent fortement l’iconique Colisée, un des monuments « phares » de la capitale italienne.

Au cours de ces pages, le lecteur suit le parcours du personnage principal, Cesare Accardi, policier. Le contexte historique situe l’action à la veille de la Seconde Guerre mondiale, en 1935 précisément. C’est pendant cette année que l’Italie attaque l’Éthiopie : un pays tourmenté, qui devra supporter un des grands leaders totalitaires du siècle en la personne de Mussolini. Son chef est le commissaire Gaetano. Tous les deux, ils enquêteront sur la mort d’une jeune fille. L’autre figure forte du livre est une femme, Liana. Des évènements et des retournements de situation vont considérablement bousculer l’existence de Cesare, qui est aussi narrateur. Le livre est entièrement rédigé à la première personne, dans un style épuré. L’ouvrage s’ouvre sur une scène de meurtre, la première de la carrière. Cette image d’une femme dévêtue et blessée le trouble. La première partie de l’œuvre insiste grandement sur la fascination presque digne du sadomasochisme, du protagoniste, liant la douleur à l’extase sexuelle.

De nombreuses références Historiques

C’est dans un climat de tensions exacerbées que se déroule cette enquête concernant Vantona Vizzi. Les références à la religion y sont nombreuses, car le poids de la foi catholique pèse lourd sur l’Italie. La narration propose un livre rythmé, où les scènes s’enchaînent simplement. De plus, le style est très clair, malgré une avalanche de rappels historiques, qui nécessitent une connaissance approfondie de l’Histoire italienne pour pleinement comprendre et cerner l’étendue des enjeux vécus par les protagonistes. Les dialogues sont naturels, les descriptions légères et suffisantes. Les pulsions de vie et de mort sont étroitement liées. Le caractère brut du roman pourra choquer les âmes les plus sensibles, surtout concernant la connexion entre désir et trépas. C’est pourquoi ce livre se destine avant tout à un public averti, qui souhaite découvrir une lecture qui maîtrise l’art d’oser, sans en faire des tonnes.

Les origines de Cesare

Alors que le policier fait son œuvre, le récit s’oriente également sur les origines de Cesare et son contexte familial. En contrepartie, l’auteur décide d’y ajouter la figure de la défunte Vantona, pourtant morte — mais terriblement présente tout au long de l’histoire. En effet, le héros frôle l’obsession, comme de nombreux enquêteurs dans la littérature de type thriller. Le texte très intime aborde les tabous d’une jeunesse bouleversée par les interdits. Plusieurs fois, Cesare se demande s’il est autorisé à fantasmer. Lors de ses entrevues avec Liana, le sujet tourne irrémédiablement autour de l’amour et des femmes. En transposition avec cette introspection permanente, les obsèques de Vantona ont même des airs de mariage.

Au cœur de l’Italie

Le candide et inexpérimenté personnage de Cesare, son écriture fine et passionnée fait toute la puissance de ce livre coup de poing, qui renvoie le lecteur en plein cœur d’une Italie où Mussolini cherche à forger un nouvel empire symétrique, froid et carré, là où l’église a installé ses racines. Qu’il s’agisse du Vatican ou des artistes éminemment réputés dans l’Histoire de l’Art, ce contraste est saisissant et donne envie d’en apprendre plus au sujet de cette période charnière pour l’Humanité entière. Dans son entourage, chaque personnage incarne l’authenticité. Les nombreuses parades fascistes sont des occasions d’étendre la propagande du Duce. Le lecteur se promène à Rome, visitant des lieux emblématiques sous des drapeaux autoritaires et imposants, comme la Piazza Navona.

Une lecture intense et riche

Entre froideur du régime et chaleur des premières expériences sexuelles, Cesare se libère peu à peu. Parmi les points forts du récit, il est important de noter le pouvoir de l’opposition entre la légèreté d’une balade sur fond d’enquête et les propos ultra-racistes et misogynes des collègues de Cesare, qui sont bien évidemment liés au contexte historique. Entre amour pour la ville de Rome et rejet, le personnage la définit comme hautement féminine : « cette ville qui est femme, sexe et sensualité » … Une expérience de lecture intense et riche, qui ne laissera personne indifférent.

 

Le site de l’auteur : http://michel-chevallier.com/

  • 21€ Broché, 15,99€ Ebook
  • Broché – format : 13,5 x 21,5 cm • 240 pages
  • ISBN : 978-2-343-21464-1
  • EAN13 : 9782343214641
  • EAN PDF : 9782140160035

A propos Patrick Delort

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