Noara : La Dernière Lune

Le roman Noara : La Dernière Lune a été écrit par deux auteurs fans de jeux vidéo et professionnels du milieu : Jérémy Filali et Jules Thiessart.

Le studio Atypique est récent (2017) : c’est une structure française indépendante qui se démarque par la diversité de son équipe. L’illustrateur Alexandre Reynaud a réalisé la couverture et les portraits des 5 personnages principaux de l’intrigue aux traits d’animaux humanoïdes. Les éléments que le lecteur découvre dans ce livre sont les héros majeurs (et antihéros), traversant les évènements précédents le cataclysme auquel le joueur fera face dans le jeu Noara — The Conspiracy. Parmi eux, l’on y retrouve un axolotl malicieux au genre féminin : Chaknie, ainsi qu’un squille en quête de revanche, Rexes… Et quatre autres protagonistes, tout aussi stylés. L’imagination des auteurs est parfaitement retranscrite grâce à cette présentation, avant le prologue. Cela permet au lecteur de visualiser les personnages qu’il va suivre, pendant 8 chapitres.

Ce premier roman fait office de genèse du monde de Noara. Que le lecteur soit avisé : il participe au massacre de personnages, s’accompagnant de détails crus et d’un langage fleuri. Mais plutôt qu’une avalanche de scènes sordides et simplement vulgaires, le futur joueur féru de lecture y trouvera des éléments importants à la construction d’une intrigue plus large. Les personnages ne sont pas des humains « comme les autres », mais bien des êtres anthropomorphes, aux attributs d’animaux, comme des tentacules, des épines, une carapace… Les 5 personnages illustrés vont devoir se serrer les coudes, pour espérer traverser le rite initiatique, sur les rives Kragh, avant l’épreuve des Astres. L’occasion rêvée pour prouver leurs talents et leur force supérieure. Les personnages sont des « Maelstroms » : un rang réputé, une distinction, qui doit être dûment méritée.

Ce peuple tribal doit réussir cet examen avec brio pour survivre au voyage. À l’issue de ces épreuves terribles où ils doivent user de stratégie en dosant leur force brute, chacun pourra intégrer l’élite militaire Kragh. Des évènements imprévus, dont la disparition d’un participant rajoute du piment à cette situation déjà forte en adrénaline. Chaque personnage incarne un « archétype » du jeu vidéo du genre, où les clichés ont été utilisés pour ne pas dépayser le lecteur et poser une ambiance qui leur est déjà familière, surtout pour les gamers aguerris.

Les points positifs du livre sont l’originalité de la mise en forme, les informations sélectionnées avec finesse, afin de ne pas donner trop d’éléments et engorger le lecteur. Chaque personnage est tour à tour narrateur. Cela permet d’entretenir une proximité avec cet être monstrueux et fort que le lecteur suit, du prologue jusqu’au twist final. Le rythme soutenu et les combats sont retranscrits, de manière à accompagner le lecteur dans l’univers de Noara. Ce n’est pas un monde rassurant, le style est familier et brutal. Une telle décision peut aussi sensibiliser un lectorat frileux, qui n’a pas forcément l’habitude de se plonger dans un livre long et ennuyeux. Le format court profite au genre : le lecteur y trouvera une histoire haletante, idéale pour le public ciblé.

La démarche est très originale, car elle permet de redorer également l’image du gaming à la française, un secteur souvent considéré comme une sous-culture, à différencier de l’art. Ici, la symbiose entre le projet de l’ingénieur et fondateur des studios Atypique et Jules Thiessart opère. Ce projet qui avait été longuement mis de côté voit le jour. Noara : la dernière lune est la preuve que l’on peut construire un lore complexe sous format papier. Dans l’avant-propos, les auteurs citent Tolkien comme une des principales inspirations derrière ce projet, à qui l’on doit le Seigneur des Anneaux. Le jeu vidéo est ici enrichi par un rapport à l’écriture et à la lecture.

Noara permet d’entrevoir le monde du jeu éponyme à venir. Ce prequel pose les bases d’une intrigue plus complexe. Le jeu est en accès anticipé sur la plateforme Steam : en ce sens, le roman est une annexe intéressante pour pouvoir s’imprégner de l’atmosphère du jeu à venir. Il mérite toutefois une certaine vigilance, car son contenu sanglant n’est pas à mettre entre toutes les mains.

Le site du livre : https://www.noara-universe.com/

Le site du studio : https://playnoara.com/

 

A propos Patrick Delort

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