NTM « La DER » : le CD/ DVD de l’ultime performance de deux légendes du rap français

“Paris sous les Bombes, Ma Benz, Laisse pas traîner ton fils…”. Ressuscité une première fois en 2008 à Bercy, le phénix “Nick Ta Mère” venait lancer une offensive incendiaire dans cette même salle en 2019. La “DER” rend compte en image en en son  de l’ultime performance de deux légendes du rap français.

Dès l’Intro, on entend les clameurs de la foule qui patiente. L’ambiance est électrique. Les premières images laissent apercevoir beaucoup de seniors dans la fosse au milieu de fans beaucoup plus jeunes. Le duo ne s’est pas produit à Paris depuis plus de dix ans. Aucun album studio non plus. Grosse tension donc dans le public. Dès les premières mesures, on ressent quelque chose de lourd, quelque chose de pesant flotte dans l’air. La salle s’éteint progressivement quand retentissent les premières mesures de « On est encore là ».  Joey Starr et Kool Shen investissent alors le plateau. Moment libérateur pour ceux qui attendent la “Der” depuis des lustres. Dès le premier titre, l’urgence et la rage sont là. Les voix sont puissantes, toujours aussi racées.

En jeans noirs et T Shirt XXL, le duo de St Denis envoie ses titres comme des brûlots. Une performance d’athlète qui va durer deux bonnes heures avec quasiment aucun temps mort. Immédiatement le public réagit, les bras levés, semble comme soulevé, porté par une vague d’euphorie collective. Dans un ronflement de basses et de scratches, les DJ perchés au sommet du décor distillent l’essentiel de leurs titres forts : « Pose ton gun », « Qu’est-ce qu’on attend », « Pass pass le oinj », « Ma Benz », « Seine St Denis Style », « Laisse pas traîner ton fils », « Paris sous les bombes », « Police ». Les titres sont joués fidèlement ce qui donne au concert à la fois ce côté nostalgique et intemporel. En live, les chansons du Suprême Nikoumouk ont toujours sonné plus hardcore et semblent être ici gonflées dans un esprit “rock”. Sur le plateau, les invités Jaeyez, Big Red (Raggasonic), Tugadamn se mêlent aux historiques Busta Flex, Lord Kossity, Zoxea. Les artistes se succèdent les uns derrière les autres pour mieux faire monter la pression. Les clins d’œil et les hommages à la culture hip hop ne manquent pas. On retiendra surtout sur le titre « Paris Sous les Bombes » en hommage aux taggers des 90’s qui emmitouflés sous leurs capuches, sortaient tout droit des rames du RER, venus pour « défoncer » (graffiter !) les wagons et les murs. Toute une époque révolue !

Au parterre, là-haut aux étages, le public danse, les mains en l’air et salue cette prestation relevée. On a plaisir à voir un Joey Starr bondissant de part et autre de la scène, tel un félin toujours prêt à se tordre, les bras agités, la tête basculée en arrière. Si NTM est de retour, c’est avant tout pour boucler la boucle dans un réel plaisir de partage avec les fans. So long guys !

CD/DVD « La DER » l’ultime concert à l’Accorhotels Arena 2019

(RCA/Sony Music)

 

 

NTM « Dans la Fièvre du Suprême »  de Pierre-Jean Cléraux et Vincent Piolet.

En 1983, le hip-hop prend ses marques en France et rassemble trois jeunes qui écriront un gros chapitre de l’histoire du rap français : Bruno Lopes (Kool Shen), Didier Morville (Joeystarr) et Franck Loyer (DJ S). D’abord connu comme crew de danseurs et de graffeurs, NTM devient rapidement le posse de rappeurs Suprême NTM et s’affirme en incontournable de cette culture musicale underground qui s’imposera comme la norme. Désireux de raconter par le menu le parcours du groupe, les auteurs sont partis à la rencontre de ceux qui ont contribué, de près ou de loin, à son ascension. À l’inverse des anecdotes people souvent romancées, l’ouvrage nous plonge en immersion dans le quotidien de NTM. Les auteurs reviennent sur la musique, avec les secrets de studio et du label, nous plongent – dans le business du rap, loin du « peace, love, unity and having fun ». Véritable remontée chronologique dans les 80’s et les 90’s, ce livre fourmille d’anecdotes sur les débuts de danseurs de Kool Shen et Joeystarr à St Denis, puis de graffiteurs au terrain vague de la Chapelle face à la station de métro ligne 2 (devenu aujourd’hui un centre tri). ce livre haletant de bout en bout se lit d’une seule traite. Les auteurs sont allés fouiller très loin pour dénicher des informations inédites ces légendes en recueillant les propos des deux managers historiques Sébastien Farran et Franck Chevalier (alors jeune attaché presse de Jean-Paul Gaultier), Philippe Puydauby et Christophe Lameignère (directeurs artistiques chez Sony), mais aussi de Fred Versailles (producteur). Des anecdotes croustillantes telle cette première partie du groupe punk la Souris Déglinguée à l’Olympia en 1990, ou encore ce concert à Mantes la Jolie qui se fait « à la lumière des phares de voitures » et celui à Grenoble où toutes les voitures immatriculées 93 ont les pneus crevés quand le duo se fait tirer dessus à la chevrotine. Un ouvrage palpitant qui sent le souffre et la fureur qui se lit comme un roman.

Edition le MOT ET LE RESTE. 320 pages.

 

Jean Christopher Mary

 

A propos jean-christophe.mary

A lire aussi

science-fiction

Dune Partie Deux : Une Odyssée Cinématographique qui Redéfinit le Genre de la Science-Fiction

En 2024, l’univers du cinéma de science-fiction est propulsé vers des horizons inexplorés avec “Dune …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

WP Twitter Auto Publish Powered By : XYZScripts.com