Festival de Cannes J4 : Almodovar en route vers la Palme ?

Hier soir, Pedro Almodovar présentait en compétition officielle Douleur et gloire, son dernier film précédé de critiques dythirambiques. Sorti récemment en Espagne, il a été encensé par le public et la presse. C’est donc peu dire que les attentes étaient grandes à Cannes. Almodovar réalise un film-somme, une oeuvre de la maturité en quelque sorte. Comme il l’a dit lui-même en conférence de presse, dans ce film, la part de vrai côtoie la fiction. Laquelle est la plus importante ? Quelques scènes  ont été vécues par le réalisateur espagnol ou auraient pu l’être ou même il aurait rêvé qu’elles aient lieu. Antonio Banderas, magistral, incarne Salvador, un réalisateur tourmenté, abîmé par la vie et qui souffre terriblement de maux de dos et de maux de l’âme. Est-il un double d’Almodovar ? Il ne s’appelle pas Pedro mais il lui ressemble beaucoup. Le film aborde deux thèmes chers au réalisateur : la figure maternelle et le cinéma. Salvador a connu la gloire en faisant de grands films mais il souffre terriblement. Il lit mais cela fait longtemps qu’il n’a plus réalisé de film. Pour une projection à la cinémathèque de Madrid, un acteur avec lequel il s’était brouillé va revenir sur son chemin. Une autre figure du passé va revenir : son premier amour, Federico, autrefois dépendant à l’héroine,  ce qui a brisé leur histoire. Salavador ne l’a pas oublié. Un peu comme Modiano avec Un pedigree, Almodovar a jugé que c’était le moment de parler de lui, de son enfance et de sa mère. Penelope Cruz incarne la mère, de Salvador, jeune. La vie de Salvador-Antonio Banderas n’est pas celle d’Almodovar mais aurait pu l’être. Si le film touche tant, c’est qu’inévitablement il conduit à l’identification. Il montre qu’à un moment de sa vie, il faut se réconcilier avec les figures de son passé et avec l’enfant qu’on a été pour avancer. Lorsque Salvador en arrive à ce point, il peut enfin réaliser son “premier désir”, le film qui l’attendait. Avec Douleur et gloire, le film le plus personnel qu’il ait fait, Almodovar tient peut-être sa palme.

 

Un autre habitué du festival était aussi sur la Croisette vendredi. Ken Loach, qui dit régulièrement qu’il arrête le cinéma, était venu présenter son dernier film, Sorry we missed you. Bien sûr, on reconnaît d’emblée la marque de fabrique du réalisateur, toujours en colère contre la société et les inégalités sociales, de plus en plus profondes. Il s’agit encore une fois d’un film social qui montre un couple, luttant pour faire vivre sa famille. Avec ce film, la veine loachienne fonctionne parfaitement et touche en plein coeur le spectateur. Ricky commence un nouveau travail de chauffeur-livreur. Il doit acheter son propre camion. Sa femme, Abby, est une aide-ménagère dévouée qui ne compte pas ses heures. Pour que Ricky puisse acheter son van pour son nouveau travail, elle est condamnée à vendre sa voiture et à circuler en bus pour aller travailler. Ricky enchaîne les livraisons. Il s’agit de ne pas perdre de temps. Son patron est à l’affût et s’en prend à quiconque ne fera pas son travail correctement et lui fera perdre de l’argent. Pour tenir un tel rythme, Ricky entre dans un engrenage, même s’il doit être épuisé. Sa femme et lui rentrent de plus en plus tard le soir. Ils ont deux enfants mais leur fils ado leur pose de plus en plus de problèmes de discipline. Il sèche les cours, vole. Au fond, il ne veut pas être comme eux,” un larbin”. Il le leur dit sans ménagement. Loach dénonce les conditons de travail misérables,  l’exploitation des salariés. A travers l’histoire bouleversante de cette famille, il s’en prend au libéralisme, qui broie les travailleurs.  On pense au mouvement des gilets jaunes bien sûr. Le film n’en a que plus de résonnances. Il dresse un triste constat de la situation. Avec Sorry we missed you, Ken Loach vise sa troisième Palme d’Or.

Le festival de Cannes en live avec Francenetinfos

 

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