Festival de Cannes J5 : “Banel & Adama”, “Le temps d’aimer et “Le ravissement”

Samedi, c’est sous la pluie que des centaines de fans ont attendu pendant plusieurs heures Robert De Niro et Leonardo di Caprio venus présenter hors compétition le nouveau film de Martin Scorsese, “Killers of the flower moon”. Pendant ce temps, en compétition, était projeté “Banel & Adama” de la réalisatrice Rama-Toulaye Sy. A la Semaine de la critique, nous avons vu le premier film d’Iris Kaltenbäck. Enfin, la soirée s’est terminée par “Le temps d’aimer” de Katell Quillévéré. Trois beaux films de femmes.

“Banel & Adama” de Ramata-Toulaye Sy

Pour son premier film en tant que réalisatrice, Ramata-Toulaye Sy fait directement son entrée en compétition et concourt à la fois pour la Caméra d’Or et pour la Palme d’Or. Elle se souviendra donc pendant longtemps de cette première journée au Festival de Cannes. En montant les marches, la jeune réalisatrice franco-sénégalaise, entourée de ses deux interprètes, était particulièrement émue. Le titre, simple, résume à lui seul le film. Banel et Adama sont jeunes, viennent de se marier et s’aiment profondément. Mais ils habitent dans un village reculé du Sénégal et vivent chez la mère du jeune homme. Banel n’éprouve pas de désir d’enfant. Elle veut seulement vivre avec son époux, dans leur propre maison. D’ailleurs, ils vont chaque jour s’efforcer à déterrer des habitations ensevelies sous le sable. Tout le village voudrait qu’Adama devienne leur chef, pour respecter la coutume mais ce dernier s’y oppose. Au grand désarroi de Banel, on insiste et la pression devient d’autant plus forte que la pluie ne vient pas, causant la mort de plusieurs villageois… Avec ce premier film très maîtrisé, la réalisatrice séduit et émeut. Elle montre à quel point les traditions ancestrales, les croyances et les superstitions peuvent être fortes dans certaines contrées d’Afrique. Elle dessine le portait d’une jeune femme amoureuse qui souhaiterait être tout simplement heureuse.

“Le temps d’aimer” de Katell Quillévéré

La réalisatrice Katell Quillévéré a présenté son nouveau film dans la catégorie “Cannes Première” samedi soir. Nous l’attendions avec impatience tant nous avions aimé ses films précédents. “Le temps d’aimer” débute à La Libération, au moment où des femmes sont tondues pour avoir couché avec des Allemands. Dès la première scène, on comprend que Madeleine (Anaïs Demoustier) fait partie de ces femmes qui ont été stigmatisées après la guerre. A la suite d’une brève liaison avec un officier allemand, elle est tombée enceinte puis a été chassée par sa famille. Lorsque le film commence, elle est sur une plage de Normandie avec son fils Daniel. François, un jeune Parisien bourgeois (Vincent Lacoste) vient leur parler. Ils ne se quitteront plus. Il deviendra son mari et le père de cet enfant qui ne demande qu’à être aimé par cette femme toujours trop distante et sans gestes maternels. A Paris, Madeleine comprend que François cache un secret. Il aime les hommes. Mais, comme il le lui dit dans une scène touchante, il ne peut pas vivre sa vie sans Madeleine. Débuté à la Libération, le film court sur plusieurs années pour s’achever à la fin de la guerre d’Algérie. Katell Quillévéré fait le portrait d’une femme, d’un couple et, en creux, d’une époque où l’homosexualité était considérée comme un délit. Depuis, les moeurs et les mentalités ont évolué, fort heureusement.

“Le ravissement” d’Iris Kaltenbäck

C’est à la Semaine de la Critique que nous avons vu notre film coup de coeur de la journée. Avec son premier film, la jeune réalisatrice Iris Kaltenbäck interroge sur la maternité. Selon son étymologie latine, ravissement signifie un enlèvement. Il signifie aussi plus couramment un état de béatitude, de grand bonheur. La réalisatrice joue sur ses deux sens. Dès le début, on comprend qu’un drame s’est produit. L’histoire est racontée par une voix masculine : on devine qu’il s’agit de celle d’un homme qui a compté dans la vie de Lydia (bouleversante Hafsia Herzi), une sage-femme, pas encore mère. Lorsque le film commence, elle apprend le même jour que son compagnon l’a trompée et qu’il la quitte et que sa meilleure amie Salomé (Nina Meurisse) est enceinte. Deux situations, deux émotions contradictoires. Pourtant, Lydia se réjouit pour son amie et ne lui révèle pas sa rupture. Dans la journée, elle est une sage-femme consciencieuse ; la nuit, elle tarde à rentrer chez elle où elle sait qu’elle sera seule. Un soir, elle rencontre un chauffeur de bus (Alexis Manenti). Ils finissent par passer la nuit chez lui mais, très vite, il fait comprendre à Lydia que ce sera une aventure sans lendemain. Elle ne dit rien, ne laisse rien paraître et souffre en silence. Pendant ce temps, Salomé devient mère. C’est Lydia qui l’accouche. Un jour, alors que Salomé et son mari se reposent, elle se propose d’amener le bébé faire un tour. Dans l’hôpital, on la prend pour la mère et on la félicite. Par hasard, elle rencontre le chauffeur de bus, venu voir son père hospitalisé. C’est alors que débutent le mensonge et l’engrenage qui s’ensuit. Lydia se retrouve prise dans un tourbillon, qui ne peut que la conduire au désastre. Pour son premier film, la réalisatrice a dit s’être inspirée d’un fait divers. Elle questionne sur la maternité. Certaines femmes sont mères mais ont du mal à éprouver pour leur enfant les sentiments qu’elles souhaiteraient et qu’il faudrait avoir, tandis que d’autres, qui ne le sont pas, se comportent comme des mères.

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