AAARG ! le numéro 1 : Bande dessinée et culture à la masse

Avec son nom en forme d’onomatopée rageuse, son édito qui revendique indépendance, amour de la culture populaire et révolution, sa promesse d’affoler les coincés et de ne pas donner dans la tiédeur et dans le conformisme, AAARG ! affiche d’emblée un ton, un esprit qui assure la cohérence et l’homogénéité de son contenu et ressuscite un certain esprit punk et iconoclaste qui convoque tout un univers de référence allant de la BD underground au cinéma bis dans lequel on pourra, quand on est amateur de subculture, nager comme un poisson dans l’eau. On peut aussi se demander si AAARG ! saura convertir des brebis égarées aux vertus de l’esprit frondeur et de l’humour noir afin de se faire de nouveaux lecteurs. C’est tout ce qu’on lui souhaite d’autant qu’il faut rappeler qu’au départ AAARG ! naît grâce à un projet de souscription auprès des internautes sur Ulule et si aujourd’hui la revue est dans les bacs, c’est qu’elle a peut-être déjà en partie trouver son public. Celui-ci peux s’estimer récompensé : aussi « mauvais genre » soit-elle, AAARG ! est aussi un bel objet, une revue bimestrielle digne de côtoyer dans votre bibliothèque vos bouquins préférés de l’année.

AAARG couverture numero 1Si AAARG ! affiche un sommaire en grande partie composée de BD, on y trouvera aussi des articles et des nouvelles. Le tout baignant dans le même esprit, la même cohérence de ton. Ainsi l’auteur de JE MOURRAIS PAS GIBIER, Guillaume Guéraud livre une nouvelle brutale aux accents politiques évidents, on nous fait découvrir un texte d’Eddie Pagetto dont l’humour potache et l’auto-dérision ne détonne en rien dans la lecture de la revue mais surtout on a droit à une petite merveille d’Olivier Bourdic, L’ENFER PREND LE BUS, hommage ironique à la magie de la littérature à la chute joliment amenée. Quant aux interviews, elles mettent en valeur des artistes à l’univers graphique bien particulier : Tomahawk et ses illustrations noires et grinçantes à la carte à gratter, les mondes retro-futuristes de Laurent Durieux et le travail de graphiste d’Il Gatto pour les éditions Même Pas Mal. Enfin, dans les articles, on cause projets secrets de la CIA, manipulation mentale et thèse conspirationniste tandis que la rubrique cinoche vous raconte l’épopée joyeusement foutraque des trublions de la TROMA, la compagnie fondée par le déjanté Lloyd Kaufman dont les pelloches joyeusement trash ont enchanté les amateurs de « bon mauvais goût » (comme disait John Waters). Du cinoche plein de tripes, de sang, de vomi et de filles dénudées. Eh oui ! si vous vous attendiez à ce qu’on vous parle du dernier Despleschin, c’est un peu foutu !

Les pages de bandes dessinées oscillent entre un esprit très « série B » parfois à la lisière de la parodie et un humour à la fois trash et délirant. Pixel Vengeur avec ETERNAM (un space opera horrifique) et MINGUS SOLEDAD d’Anthony Pastor et Thomas Azuelos (une série noire crade et poisseuse) s’inscrivent dans cette atmosphère « série B » très assumée mais de manière un peu prévisible. Sur un versant plus parodique, B-Gnet signe une hilarante NUIT DES GENS HEUREUX qui revisite avec bonheur (c’est le cas de le dire) le genre du film de zombie. Bien que teintés de noirceur et d’humour grinçant, LA FOLLE QUI M’AIME de Pierre Bunk et LE PIGEON DE LA ONZIEME HEURE de Nicolas Poupon tranchent avec les autres histoires en allant pour l’un vers une certaine forme de poésie macabre et l’autre tirant vers la fable sociale. Enfin on peut compter sur certains déjà connus de nos services : Tanxxx, Olivier Texier, Fabcaro, Goupil Acnéique mais aussi Salch (et son bien trash UN PAPA, UNE MAMAN) pour nous livrer quelques déflagrations d’humour bête et méchant comme il se doit. Notons enfin pour ceux qui en redemanderaient encore (et ce même si les 160 pages de ce premier numéro ont le mérite d’être roboratives) qu’on peut retrouver du contenu inédit sur le site de la revue http://www.aaarg.fr/.

AAARG ! – Numéro 1 – Novembre/décembre 2013 – Disponible en librairie

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