Avec “J’habite ici”, Jean-Michel Ribes a fait rire le théâtre Anthéa d’Antibes

Les spectateurs du théâtre Anthéa d’Antibes ont ri de bon cœur la semaine dernière en assistant à la dernière pièce écrite et mise en scène par Jean-Michel Ribes, « J’habite ici ». Après plusieurs représentations au théâtre du Rond-Point que Jean-Michel Ribes dirige depuis vingt ans, la pièce est désormais en tournée. Comme dans « Musée haut, musée bas » ou « Théâtre sans animaux » pour ne citer que ces pièces, il nous donne à voir, dans une succession de saynètes aux dialogues savoureux, des personnages hauts en couleur, excessifs, insolents et souvent très drôles.

Jean-Michel Ribes a créé « J’habite ici » en septembre, au moment où la situation dans les théâtres était encore incertaine. D’ailleurs, la pièce s’ouvre et se termine sur une réflexion sur le théâtre, dans un éclat de rire car il ne pouvait en être autrement avec Jean-Michel Ribes. Parmi la dizaine de personnages qui habitent cet immeuble, il y a Madame Proprino (Marie-Christine Orry), critique de théâtre, que les alexandrins ont le pouvoir de faire s’envoler au sens figuré mais aussi au sens propre comme on le verra à la fin. Dans la première saynète, elle discute avec ses voisins, un couple dont la femme déteste la théâtre, au point de s’y endormir.

Dès le début, le ton (irrévérencieux) est donc donné. Jean-Michel Ribes observe la société dans laquelle il vit et se livre à une satire mordante et joyeuse. Il force le trait et la caricature n’est jamais très loin. Chacun semble en prendre pour son grade : les policiers, les écologistes, les anti-écolos, les hommes politiques, les racistes, les SDF, les bourgeois adeptes de Proust… Devant cet immeuble, les personnages se croisent, discutent, ou se disputent, souvent devant les yeux de la concierge (interprétée par Annie Grégorio), qui n’aime pas les plombiers et qui est toujours à l’affût d’une bonne histoire à raconter à sa sœur habitant en province. Forcément, elle regorge d’anecdotes ; il lui suffit d’observer et découter ces voisins (pas toujours) ordinaires. Parmi eux, il y a cet employé d’un ministère qui doit satisfaire les besoins sexuels de ses collègues et supérieurs. C’est sans doute à lui que l’on doit les plus gros éclats de rire dans la salle. D’abord bien ancré dans le réel, il bascule ensuite dans le monde de l’absurde.

Les comédiens, tous excellents (Didier Bénureau, Alice de Lencquesaing, Philippe Magnan, Stéphane Soo mongo pour ne citer qu’eux), incarnent une douzaine de personnages, plus truculents les uns que les autres. Ils assènent des idées reçues, des préjugés sur les étrangers, les homosexuels, les sdf par exemple, sujets de société sur lesquels chacun a son avis aujourd’hui. Le rythme est soutenu : on entre et on sort de cet immeuble souvent avec fracas, à l’image de cette société un peu cabossée et en perte de repères dans laquelle nous vivons. Avec “J’habite ici”, Jean-Michel Ribes réussit à nous faire rire et grincer des dents en même temps. Cet immeuble est un miroir à peine déformé de notre société, mais qu’importe, on a bien ri !

A propos Laurence

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